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Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/15

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cacher ses avantages, toutes les peines qu’il prenait autrefois pour les faire valoir.

Si Tancrède avait eu de la fortune, il ne se serait point aperçu de son malheur. Tout est permis à l’homme riche. Excepté d’être riche, on lui pardonne tout. Mais pour celui qui doit faire sa fortune lui-même, de certains ridicules sont des malheurs. Comment persuader à un homme malpropre, mal fait, qui est chauve, qui a des lunettes bleues et des dents noires, qu’un jeune homme beau comme Apollon, qui s’appelle Tancrède, n’est pas un fat, un impertinent, un beau fils, un mirliflore et un paresseux ? — Et comment alors faire fortune quand on est beau comme Apollon et qu’on a affaire toute sa vie à des hommes malpropres, mal faits, qui sont chauves, qui ont des lunettes bleues et des dents noires, et, de plus encore, toutes sortes de préventions contre vous ?

En arrivant à Paris, Tancrède avait remis lui-même chez le portier de M. Nantua une lettre de recommandation qu’on lui avait donnée près de ce riche banquier ; il avait joint à