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Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/177

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Mariage, et vous conserverez tous vos droits.

Comme Tancrède, emporté par sa tendresse, allait révéler sa présence, des pas traînants se firent entendre dans le corridor.

Malvina se lève… elle écoute ; la clef tourne dans la serrure ; la porte de sa chambre s’ouvre… M. Thélissier, vêtu d’une robe de chambre à ramages, coiffé d’un bonnet de soie noire et tenant une veilleuse à la main, entre dans l’appartement de sa femme.

Tancrède, quoique invisible, recule épouvanté. — Malvina frémit : mais ce n’est pas le remords qui l’agite ; le remords, c’est déjà la raison, c’est de la force ; un remords, c’est déjà une distraction dans l’amour, et l’amour dans son cœur est encore tout-puissant ; l’heure des remords n’est pas encore venue ; l’aspect de son époux ne lui en donne même pas. Ce n’est point de la honte qu’elle éprouve à sa vue, c’est de la haine. Elle n’a pas peur de sa colère, elle a horreur de sa tendresse, elle ne songe qu’à l’éviter. Elle s’indigne, toute son âme se révolte contre lui ; elle ne lui appartient plus, elle est libre, elle s’est