Aller au contenu

Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/217

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec le lait de nos prairies ! À Paris, le lait est détestable, il est falsifié.

— Non, maman, celui-ci est excellent, d’abord j’ai faim.

Clarisse goûta le lait, puis elle se leva pour aller chercher du sucre.

Pendant ce temps, l’invisible amoureux, tombant dans ce lieu commun des amours, voulut toucher de ses lèvres la coupe qu’une bouche adorée venait de presser ; il prit la tasse de Clarisse ; mais, soit distraction, soit réel appétit, il but beaucoup plus de lait qu’il n’avait intention d’en boire ; il remit la tasse en tremblant.

Clarisse revint, et voyant sa coupe à moitié vide :

— Qu’est-ce qui a bu mon lait ? cria-t-elle comme une pensionnaire.

— C’est toi, répondit sa mère en riant.

— Moi ? j’y ai à peine goûté ; j’en suis sûre, quelqu’un a bu mon lait, c’est un mystère ; il y a peut-être un chat ici.

— Non, dit madame Blandais, c’est ton être invisible, tu sais ?