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Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/261

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Les personnes qui ont de l’imagination agissent toujours ainsi ; elles fournissent aux autres l’idée qui doit les tromper.

Cependant les doubles clefs n’expliquaient pas ces apparitions et ces disparitions subites qui effrayaient tant Clarisse ; elle insista encore… Tancrède allait se fâcher.

— Vous ne m’aimez pas, dit-il, l’amour n’exige pas tant d’explications…

— Eh bien, dites-moi seulement, est-ce que vous serez toujours là sans que je le sache ?

— Ah ! vous avez déjà peur, madame, reprit Tancrède en plaisantant.

— Ce n’est pas cela, mais j’aime mieux vous voir.

Et Clarisse, en parlant ainsi, attachait sur lui ses beaux yeux avec tant de plaisir, que cela donnait beaucoup de vérité à ses paroles.

Qu’elle était belle alors ! Tancrède, qui affectait une froideur pleine de dignité, ne put résister à ce regard. Il attira Clarisse près de lui et l’embrassa bien tendrement.

— C’est étrange, dit-elle ; il me semble… un jour… j’ai rêvé…