Aller au contenu

Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

recommence à admirer les beaux hommes. À quinze ans on les admire par instinct ; à quarante, par conviction.

Ce qui prouve que les avantages de vanité et de convention mondaines sont des niaiseries, c’est qu’avec l’âge on les méprise ; c’est qu’en vieillissant, ce qui est vrai, ce qui est réellement beau, a plus d’attrait pour nous que ces agréments imaginaires, ces qualités factices qu’on trouvait jadis préférables à tout. Ainsi, la femme qui, à vingt ans, choisit un fat mal tourné parce qu’il est duc ou parce qu’il a de beaux chevaux — à quarante ans, si elle est veuve, épousera un jeune homme qui n’aura ni célébrité ni fortune. — Ainsi, l’homme qui a passé sa jeunesse à courir après de faux plaisirs, de faux honneurs, à cinquante ans se retire dans sa terre pour y respirer un air pur, y semer des sapins et du blé noir, et là il se sent plus heureux.

Est-ce donc qu’il faut avoir étudié le monde pour apprendre à aimer la nature ? Si les jeunes gens savaient cela, que d’ennui ils éviteraient ! que de dégoûts, de jours amers ils