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Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/89

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comme M. Montbert n’était jamais chez sa femme, il ne se découragea point, et peu de jours après, il retourna la voir.

— Ah ! mon Dieu ! s’écria-t-elle en le voyant ; quelle imprudence ! Vous ne pouvez plus revenir ici, mon mari a tout découvert !

— Déjà ? pensa Tancrède. Mais il n’y a rien.

— Il m’est impossible de vous recevoir ouvertement, continua madame Montbert.

Ces mots, qui étaient pleins de naïveté et d’avenir, rassurèrent M. Dorimont.

— Mon mari, continua-t-elle, vous a remarqué à l’Opéra ; l’autre soir, au Gymnase. Il a des soupçons ; je ne le reconnais plus, en vérité ? C’est désolant ! ajouta-t-elle avec tendresse ; jamais cela ne m’était arrivé. Jusqu’à présent j’avais été si tranquille ! J’ai du malheur ! car c’est la seule fois que j’aime, et justement…

Ces mots, qui étaient pleins de niaiserie et de passé, refroidirent M. Dorimont.

— Et moi aussi, j’ai du malheur, madame, reprit-il avec une extrême politesse, puisque