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Page:Giraudoux - Adorable Clio.djvu/167

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sale qui a déjà servi, qui laisse des traces de craie… Voici l’aube… et l’haleine effroyable du jour. On ressoude nos pieds à la terre par des soudures douloureuses. Un astre s’est secoué sur le mien de ses roues brisées, de ses chevaux morts, de ses maisons en ruines… Comme tout est net, menaçant, comme toute chose me fait un signe sans répit… Comme tout n’est que pierre, bois, et dure leçon…

— Le coq chante encore, mais moins clairement. On devine d’ici qu’il a maintenant les deux pattes liées… Voici l’aube… Enfin je vois l’arbre rond, hier invisible, vers lequel la brigade (sur des bulletins de bagage volés à la gare de Soissons) nous donne l’ordre d’attaquer ; il est noir, mais on le devine doublé de rose et d’orange ; on ne voit plus que lui sur l’horizon ; il a poussé en une nuit comme un champignon… Quatre heures et demie… Il est temps que je secoue les hommes de l’escouade ; ils me demanderont l’heure,