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Page:Giraudoux - Adorable Clio.djvu/172

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l’autre de son ventre, et il semble, en ombre chinoise, une idole à cent bras mutilée de tous moins de deux… Il dit quelques paroles brusques que nos voisins nous transmettent de plus en plus douces, et chaque homme est un filtre pour chaque homme. Il souffle dans un clairon rauque, et l’écho aussi répète là-bas son appel sans rudesse… Il faut partir… Le mot lâcheté appuie contre le mot patrie… Le mot mort, sans raison cette fois, — il a chargé de biais, — contre le mot village… Ô village, que je ne reverrai plus, car je m’élance et je sens que des balles vont casser l’une après l’autre chaque part de mon corps, comme une pipe à la foire. Village où les habitants halètent encore, endormis dans leurs chambres closes, avec des trous, comme pour des insectes pris, ou des losanges dans la persienne… La servante se lève à tâtons, s’accroupit devant la cendre d’hier, prépare le foyer, et l’aube sur sa nuque, le feu sur son visage luttent, se disputent la