Page:Giraudoux - Provinciales.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


III


Des dames viennent me voir parfois, accompagnées de demoiselles et de petites filles. Les unes enlèvent leur chapeau, et leurs cheveux nus apparaissent, mais leur visage perd sa bonté et son calme, car une tête sans chapeau frappe brutalement vos yeux comme une lampe sans abat-jour ; sa clarté inonde, file, et se distribue aux plus petits objets. Mais le chapeau la tempère, la ramène sur nous seuls, et j’aime chauffer mon visage à l’ombre du chapeau, comme mes mains à l’ombre des abat-jour. Puis ces dames partent, et leurs filles ont eu tort de prendre des ombrelles car elles les oublient. Urbaine les rapportera, en allant à la poste.

Alors, couché sur le dos, je vois le plafond ; couché sur le côté droit, je vois la fenêtre. Tous deux me cachent le ciel, mais j’aperçois sa lueur à travers les brise-bise mal réveillés qui s’étirent