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Page:Gleason - Premier péché, 1902.djvu/31

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Premier Péché

sourire dernier. Il s’est endormi, lui aussi, fatigué de vivre près d’une tombe. On dort bien mieux sous la terre, solitude jamais troublée…

Et sur les mausolées silencieux, s’agenouillent maintenant des petites têtes blondes, comme ces rameaux verts naissant sur le tronc desséché. Printemps souriant à l’hiver enseveli ! Jeunes êtres s’ouvrant à la vie, pour rappeler aux chers endormis les petits visages de jadis. Auront-ils en les regardant, l’illusion d’une heure de sommeil, eux qui dorment depuis si longtemps ? Ô mort, as-tu de la vie, ou es-tu bien morte, glacée pour toujours, n’entendant même pas le ramage caressant de ces voix d’oiseaux répétant dans un innocent appel : Grand-père, Grand’mère ?

La terre a frissonné. Le cœur ne meurt pas, il bat toujours son grand amour. Ne laissons pas le cyprès seul, souffler sa plainte ; agenouillés sur le sol humide, de la plus pure rosée, parlons encore aux absents, de la vie, après la mort.

Dans l’air passeront des tressaillements d’âme… Ce sera toujours eux !