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variété de tons et la superbe coloration du ciel et de la mer. Nous avons vu le premier crépuscule dans le fjord de Kristiania. Le soleil en disparaissant derrière les montagnes les avait enflammées ; autour et au-dessus de nous, tout était en feu ; nous voguions sur une mer de pourpre entre les innombrables îles et presqu’îles de ce fjord, l’un des plus étendus de la Norvège. Peu à peu, mais très lentement, les teintes de feu s’atténuent, le ciel est parsemé de petits nuages d’or et d’améthyste ; notre bateau s’avance tranquille et majestueux sur une mer de moire bleue et jaune. Ce spectacle dure des heures et les teintes les plus admirables se succèdent ainsi jusque dans la nuit. À dix heures, nous arrivions à Kristiania, dont la situation au bord du fjord du même nom est incomparable ; il faisait encore clair. La population se promenait sur la jetée et dans les rues comme en plein jour ; nous écrivions nos lettres sans autre lumière que celle du ciel.

On ne peut penser à la Norvège sans que l’esprit n’entrevoie immédiatement la principale de ses beautés naturelles, les fjords. Les fjords sont des déchirures de la côte, par lesquelles