Page:Gobat - En Norvège, impressions de voyage, 1902.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

propre gouvernement et son propre parlement. Oscar II y fait très peu sentir son autorité plutôt formelle, et les rapports du pays au souverain se bornent à peu près à une courte visite que celui-ci fait chaque année à Kristiania. Nulle part le sentiment de l’égalité n’est aussi enraciné qu’en Norvège, nulle part les antithèses sociales ne sont autant atténuées. J’ai vu dans un cortège la femme d’un ministre d’État marchant à côté d’une simple ouvrière. C’est sans doute ce sentiment de l’égalité qui porte les habitants à se rapprocher des classes supérieures par leur tenue et par une certaine dignité naturelle. Les gens les plus pauvres sont proprement vêtus ; il n’est pas rare de voir, même dans les régions sauvages où l’aisance ne peut pas régner, les femmes se rendre aux champs les mains gantées. Ce luxe peut surprendre, mais ne produit aucune impression désagréable. On a le sentiment qu’il émane de cette dignité naturelle dont je viens de parler et qu’il fait partie de la simplicité des mœurs. Car la simplicité n’exclut pas une certaine recherche, comme elle ne suppose pas non plus le désordre et la malpropreté.