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Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/137

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incandescente. Sur les pentes robustes coulaient à grandes nappes les matières ignées. C’était un manteau de pourpre qui déroulait incessamment de nouveaux plis ; à mesure que l’étoffe enflammée arrivait vers la base, elle se séparait en franges qui semblaient soyeuses, et la couleur se modifiant passait du rouge le plus éclatant aux différentes teintes d’orangé, de jaune vif et de cinabre. Quelques-unes de ces minces lanières se prolongeaient beaucoup plus loin que les autres, et, atteignant le pied du mont, plongeaient dans la mer, où elles ne s’éteignaient pas sans avoir fait jaillir des millions d’étincelles, feux d’artifice permanents qui correspondaient d’une manière admirable avec les explosions constantes du sommet, où d’immenses gerbes phosphorescentes à tout moment projetées faisaient tourbillonner des torrents de fumée opaque, bizarrement éclairés un instant et retombant graduellement dans l’ombre, pour s’éclairer un moment après d’une manière nouvelle. Des mugissements terribles servaient de basse continue à des détonations stridentes, qui accompagnaient les émissions abondantes de la riche