Aller au contenu

Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/153

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion, et je vous en remercie au nom de ma famille. Mais je dois vous faire remarquer que ma fille n’a aucune dot, et pourtant notre naissance nous impose certains devoirs dans nos alliances et beaucoup de précautions. Je ne doute pas de votre mérite, je n’ai aucune espèce d’hésitation, vous le pouvez croire, quant à votre honneur ; mais je ne connais pas du tout votre respectable famille, et je serais peiné qu’il y eût dans sa condition passée tels obstacles à votre projet que toute ma bonne volonté ne pourrait vaincre. En un mot monsieur, nous sommes des gentilshommes, et ma fille n’épousera qu’un homme de notre rang.

L’assentiment de Norton à cette déclaration ne se fit pas attendre une minute. Il était fort content de la tournure que prenait sa négociation. Son futur mariage, en cas qu’il réussît, bien que désiré par l’amour le plus enthousiaste, était traité avec la roideur, le formalisme et l’absence de toute manifestation extérieure de sensibilité qui sont assurément les premiers éléments des convenances et leur triomphe.