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Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/183

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de père ne me refusait pas plus longtemps, sous prétexte que je n’ai rien, et vous ne vous en portiez pas plus mal ! Mais c’est assez causer ; il faut aller au tribunal plaider pour Hogdson contre Watson ; cet imbécile-là, je dis Watson, m’avait apporté sa cause le premier, figurez-vous ; mais il n’a jamais voulu entendre à me donner cinquante livres de plus que m’offrait Hogdson ; de sorte que j’ai passé à l’ennemi enseignes déployées, tambours battants, mèches allumées, cavalerie cavalcadant, canons sautants…

L’orateur se mit sur ses pieds et imita ce qu’il décrivait avec un tel entrain, que l’assistance partit d’un fou rire.

— Quel écervelé que cet O’Lary ! dit miss Maria en s’essuyant les yeux.

— La gaieté milésienne, mes enfants ! Ah ! à propos, Jenny, avant que je parte, je vous en prie, je vous en supplie, jouez-moi « la Dernière Rose de l’été », ça me donnera du cœur pour tout le jour.

Jenny s’assit au piano et chanta la chanson irlandaise. Charles n’y prit pas trop garde, car la conversation était plus bruyante que jamais,