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Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/30

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sion rend un peu ridicules pour les gens du Nord. Il y avait aussi des vers, des protestations d’un amour inébranlable, l’assurance qu’il écrirait encore le lendemain et tous les jours, une prière fervente de ne pas l’oublier et le serment de vaincre toutes les résistances par la fermeté de sa résolution ; bref, Sophie fut contente de Gérasime, se dit mille fois qu’elle était aimée, et ne souffla mot de tout ceci.

Deux jours après, Gérasime était assis sur le port dans une attitude mélancolique, lorsque le comte Lanza vint à passer. Celui-ci l’aperçut, vint à lui, le salua avec amitié, et, de la voix la plus affectueuse, lui demanda pourquoi on ne le voyait plus chez la comtesse Palazzi.

Gérasime commença par donner les défaites ordinaires en pareil cas, et ne s’expliquait pas autrement, quand le diable voulut qu’il se rappelât tout à coup, non pas les bruits qui avaient couru sur la disparition du comte Tsalla, mais l’histoire des dix thalaris donnés jadis à une de ses tantes. La vérité est qu’il avait besoin d’espérer comme de respirer l’air, et qu’il cherchait à se rattacher à n’importe qui et à n’importe quoi. Les moindres apparences de bienveillance