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Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/34

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peux pas supporter que les choses restent ainsi. Tenez ! entrons chez vous. Écrivez de suite quelques lignes pour tranquilliser la pauvre enfant. Ne lui dites rien, bien entendu, qu’un homme de ma sorte ne puisse avouer. Je lui glisserai adroitement cette consolation sans que sa mère en sache rien, et avant la fin de la semaine j’espère avoir arrangé les choses de manière que l’affaire soit devenue ce que nous pouvons la souhaiter.

Gérasime était tombé dans un état lamentable ; d’un côté, il désirait avec passion s’abandonner à Jérôme ; de l’autre, il s’en méfiait horriblement depuis une minute. Il lui avait parlé avec la candeur la plus absolue ; mais aussi il lui avait fait des contes bleus ; s’il avait eu tort d’être sincère, quels malheurs n’allaient pas en résulter peut-être pour Sophie elle-même ? Si, au contraire, il avait fait une sottise en se défiant, ses mensonges retomberaient sur sa tête, et pour peu que Jérôme s’en aperçût, celui-ci aurait le droit de se piquer, qui sait même ? de le traiter en ennemi. Maintenant, fallait-il donner une lettre ? ne fallait-il pas la donner ? Que croire ? que penser ?