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Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/38

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temps les âniers descendant vers le port, que je ne comprends pas grand-chose à toute cette histoire-là. Ton parrain n’aime pas Delfini, voilà ce qu’il y a de clair, et cette malheureuse lettre que voici l’a mis hors de lui de colère. Au fond, elle est fort bien écrite cette lettre, et je n’y vois rien de très-mal.

Sophie continua à broder, sans lever les yeux sur la lettre que sa mère lui montrait et qu’elle vit parfaitement. Madame Palazzi continua :

— Le plus fâcheux, c’est que ton parrain veut que nous quittions Céphalonie. Il s’est mis dans la tête d’aller passer deux ou trois ans à Ancône, où il a un cousin employé dans les douanes, et il a persuadé à ton père que c’était la plus belle chose du monde. Tu le sais : ton père ne contredit jamais ton parrain. Mais, ma fille, qu’est-ce que nous allons devenir à Ancône ? Je voudrais bien que cette idée ne fût jamais venue au comte !

— Maman, ne pensez-vous pas que si je faisais la langue du chien d’un vert plus clair, cela vaudrait mieux ?

— Oui, mon enfant ; mais je l’aimerais mieux violette, c’est plus naturel. Me vois-tu