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Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/56

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donnent l’idée de très-grandes dames nées et élevées au milieu des richesses et de l’élégance. Aucune des somptuosités du luxe le plus raffiné ne leur a été inconnue. Mais des malheurs sont venus les frapper, de grands, de nobles malheurs ; elles se sont retirées du monde avec les débris de leur fortune ; elles ne font plus de visites, elles ne reçoivent personne ; néanmoins ce sont toujours de grandes dames, et du passé il leur demeure comme le suprême raffinement interdit aux parvenues, une sérénité charmante et un sourire adorable.

Il y a quelques années, la corvette de guerre anglaise l’Aurora, venant de Corfou et naviguant à la voile, suivant les sages prescriptions de l’amirauté, avare de son charbon, se trouvait un matin, un peu avant le jour, au beau milieu de l’archipel dont il est ici question. Le commandant Henry Fitzallan Norton dormait sur sa couchette, quand un timonier, dépêché par le navigating-officer, vint le réveiller.

— Monsieur ! monsieur !…

Au son de cette voix bien connue, le commandant avait ouvert les yeux et répondait :