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Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/65

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larmes d’attendrissement des yeux de Georges Brummel, s’il avait pu revenir au monde pour contempler ces souvenirs de sa jeunesse ; les cravates amples, larges, étoffées, de six pouces de hauteur, ornées de nœuds savamment étudiés et d’une complication à faire perdre la tête à un gabier, se couronnaient avantageusement de deux cols de chemise empesés, qui devaient être certainement en lutte perpétuelle avec les bords du chapeau, quand celui-ci recouvrait le chef des remarquables possesseurs de cette précieuse garde-robe ; mais en ce moment les chapeaux reposaient dans les mains de leurs maîtres. Il ne faut d’ailleurs pas plaindre ces instruments singuliers, hauts chacun d’un pied et demi, garnis de bords d’une largeur redoutable ; ils étaient de taille à se défendre, et leur aspect poilu et hérissé leur donnait une physionomie farouche. Norton resta frappé d’admiration devant cet appareil ; il se rappela les héros d’un autre âge, et il eut besoin de faire un effort pour concentrer son attention sur les physionomies des deux arrivants. Elles étaient des plus respectables et des plus dignes. Toutes deux se ressemblaient en ce point que les che-