Aller au contenu

Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nants, et c’est ainsi que, trop pauvres pour avoir besoin de personne, suffisamment vêtus et nourris sous un ciel délicieux pour n’éprouver aucune souffrance dans cette ravissante indigence, indolents avec conviction, fiers du passé et sachant garder la dignité nécessaire au présent, les gentilshommes naxiotes vivent paisiblement et ne s’en estiment pas d’un grain au-dessous des hommes les plus agités de la société moderne la plus remuante.

Naturellement ils ont en commun avec les habitants de l’Hellade une vénération solide pour l’origine du pays qu’ils habitent, et le rayonnement de cette gloire planant sur leur tête, ils en réclament une part de propriété ; mais c’est surtout au temps des croisades qu’ils aiment à se reporter. Alors fut fondé le duché français des Cyclades, et les chevaliers se firent des fiefs dans les îles. La plupart des gentilshommes de Naxos font remonter leur généalogie à cette époque. Mais là, beaucoup se trompent. Le duché français a passé depuis lors par bien des péripéties. Les races conquérantes s’éteignirent successivement et furent remplacées par d’autres également franques à la vérité,