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Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/76

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texte pour se quereller, puisqu’ils n’avaient rien à se disputer, vécurent et vivent encore dans une union si parfaite que le catholicisme des uns, l’orthodoxie des autres, la présence de deux évêques appartenant aux rites ennemis, un couvent de Lazaristes français qui est venu, on ne sait trop pourquoi, acheter là des terres, la fondation d’un autre couvent d’Ursulines bourguignonnes, rien n’a pu prévaloir contre la douceur obstinée de cette population, qui se permet de vivre au dix-neuvième siècle dans une sorte d’état paradisiaque.

Lorsque la conversation de ses deux hôtes qu’il avait retenus à déjeuner lui eut fait comprendre cette situation, Henry Norton, enchanté, fit rapidement ses préparatifs pour descendre à terre et voir de plus près des choses si intéressantes. Après avoir donné ses instructions à son second, il monta dans sa baleinière avec M. de Moncade et M. Phrangopoulo, et suivi de Dido, non moins satisfaite que lui de quitter le bord, il se dirigea vers un petit débarcadère en planches, où une partie notable de la population, c’est-à-dire une douzaine de pêcheurs, l’attendait avec une joyeuse curiosité.