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Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/88

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drie, et, de leur côté, les peuples de Chanaan n’ont pas désappris les anciens chemins ; c’est pour ce motif que l’on rencontre des serviteurs de leur race à Naxos, où ils se mêlent parmi les successeurs des chevaliers de la croisade.

Norton examinait en lui-même tous ces détails quand il entendit la porte de la galerie haute s’ouvrir, et à l’apparition de la personne qui se présenta, il se crut d’abord le jouet d’un rêve tant il s’y attendait peu. C’était une jeune fille plus que modestement vêtue d’une robe de cotonnade brune à pois blancs, taillée et cousue certainement par elle-même, et qui, très impuissante à lui servir de parure, n’était absolument qu’un vêtement. Des manches larges attachées au poignet ; pas de dentelles, de mousseline : rien de plus austère. Une taille élancée, forte, ferme, saine, la carnation d’une des néréides de Rubens ; des yeux merveilleux, brillants comme des saphirs bleus et de la même transparence que ces pierres, et une chevelure mordorée, épaisse, abondante, tordue et, semblait-il, avec quelque impatience de la peine qu’elle donnait pour la soumettre, bien que