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Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/337

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taient tout autant ; que ces Scythes, dis-je, errant dans le Touran[1] et dans le Pont, ces Skolotes[2], comme ils se nommaient eux-mêmes, ne fussent absolument d’une même origine sur les points les plus divers où ils se montraient, sur l’Hémus, autant que sur le Bolor, il y aurait encore à alléguer le témoignage décisif des épigraphistes de la Perse. Les inscriptions achéménides connaissent en effet deux nations de Sakas, l’une résidant aux environs du Iaxartes, l’autre dans le voisinage des Thraces[3].


    vers le sud-ouest, était, au VIIIe siècle avant notre ère, celle des Sigynnes, qui, vêtus comme les Mèdes et vivant, disait-on, dans des chariots, se disaient colonie médique au temps d’Hérodote. Ils étaient voisins des Vénètes de l’Adriatique. (V, 9.)

  1. Spiegel, Benfey et Weber se sont récemment occupés de fixer la signification du mot persan توران, zend, tuirya, sanscrit, tûrya. Il est d’un grand intérêt de préciser, en effet, si cette dénomination, qui faisait naître dans les esprits des Hindous et des Iraniens de si fortes idées de haine et de crainte, renferme une notion de différence ethnique entre ces peuples et leurs adversaires. Il parait qu’il n’en est rien, tûrya ne signifie qu’ennemi. — Voir Spiegel, Studien über das Zend-Avesta, Zeitschrift d. deutsch. morg. Gesellsch., t. V, p. 223.
  2. Σκολόται, Hérod., IV, 6. — Ce mot semble formé de Saka et de lot, ou d’une racine parente de cette expression sanscrite qui signifie être hors de soi, exalté, furieux ; les Saka lota auraient été les Sakas au courage inspiré, téméraire, sans bornes, pareils aux Berserkars scandinaves.
  3. Westergaard et Lassen, Inscript. de Darius, p. 94-95. — Hérodote, Pline et Strabon se prononcent dans le même sens. Le dernier est encore plus péremptoire, puisqu’il confond nettement les Sakas avec les Massagètes et les Dahae : Οἱ μὲν δὴ πλείους τῶν Σκυθῶν ἀπὸ τῆς Κασπιὰς θαλάττης ἀρξόμενοι, Δαάι προσαγορεύονται τοὺς δὲ προσεῴυς τούτων μᾶλλων Μασσαγέτας καὶ Σάκας ὀνομάζουσι, τοὺς δ’ ἄλλους κοινῶς μὲν Σκύθας ὀνομάζουσιν, ἰδίᾳ δ’ ὧς ἑκάστους. — Ainsi il est bien convenu pour Strabon que, sur les bords de la Caspienne, les Dahae et les Scythes sont un même peuple ; qu’à l’orient de ces contrées, les Massagètes et les Saces sont dans des rapports égaux d’identité, et que, de plus, le nom de Scythe convient à l’un comme à l’autre de ces groupes. — J’ai longtemps hésité à classer les Scythes ; les Skolotes comme ils doivent l’être, au nombre des groupes arians et non pas mongols, bien que soutenu par l’imposante autorité d’hommes tels que M. Ritter et M. A. de Humboldt. Je répugnais à rompre en visière, sans nécessité bien démontrée, à une opinion fortement établie, et,