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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VIII.djvu/129

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chaque fois livrés à l’impression : ils étaient très-faibles, il faut le dire, et il m’était bien permis de croire que les miens (j’en avais compose plusieurs, comme je viens de l’expliquer) méritaient aussi bien d’être mis en musique et exécutés pour l’édification de la paroisse. Il y avait plus d’une année que j’avais transcrit de ma propre main ces chants et plusieurs autres, parce qu’en faveur de cet exercice particulier, on me dispensait des exemples du maître d’écriture. Tout se trouvait donc rédigé et en bon ordre, et je n’eus pas besoin de presser beaucoup mon copiste zélé pour voir aussi ces poésies transcrites proprement. Je courus avec mon manuscrit chez le relieur, et, bientôt après, quand je présentai à mon père le joli volume, il m’en témoigna une satisfaction particulière, et me pressa de lui remettre chaque année un in-quarto pareil, ce qu’il fit sans scrupule, tout cela étant le fruit de mes heures de récréation.

Une autre circonstance augmenta mon penchant pour les études théologiques, ou plutôt bibliques. Le doyen des pasteurs, Jean-Philippe Frésénius, mourut. C’était un homme doux, d’une belle et agréable figure, vénéré de sa paroisse, et même de toute la ville, comme un ecclésiastique exemplaire et un bon prédicateur, mais qui n’était pas en très-bonne odeur chez les piétistes séparés, parce qu’il s’était élevé contre les hernutes : en revanche, il était renommé dans le peuple et regardé presque comme un saint, pour avoir converti un général, esprit fort, mortellement blessé. Plitt, successeur de Frésénius, grand et bel homme et digne ecclésiastique, avait été professeur à Marbourg, et il en avait apporté le don d’enseigner plus que d’édifier. Il annonça aussitôt une sorte de cours de religion, auquel il voulait consacrer, dans un enchaînement méthodique, ses prédications. Déjà auparavant, comme il me fallait bien aller à l’église, j’avais pris garde à la division, et je pouvais de temps en temps faire le glorieux, à reproduire un sermon d’une manière assez complète. Comme on discourait beaucoup dans la paroisse pour et contre le nouveau doyen, et que bien des gens ne témoignaient pas trop de confiance dans les sermons didactiques qu’il avait annoncés, je résolus de les recueillir par écrit plus soigneusement, ce qui me réussit d’autant mieux que j’avais déjà fait des essais moins considérables, à une place d’ailleurs