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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VIII.djvu/260

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strument terrestre ne pourrait, par une conduite coupable et même dépravée, lui ôter sa force et sa vertu.

Combien cette chaîne vraiment spirituelle n’est-elle pas brisée dans le protestantisme, lorsqu’il déclare apocryphes une partie de ces symboles, et canoniques un petit nombre seulement ! Et comment veut-on nous préparer par l’insignifiance des uns à la majesté des autres ? Je fus confié, à mon tour, pour mon instruction religieuse à un bon ecclésiastique, vieux et faible, mais qui était depuis nombre d’années le confesseur de la maison. Je savais sur le bout du doigt le catéchisme avec sa paraphrase et l’ordre du salut ; aucun des passages de la Bible sur lesquels la foi se base ne m’était étranger ; mais, de tout cela, je ne recueillis aucun fruit : en effet, comme on m’assura que le bon vieillard dirigeait son examen principal d’après un ancien formulaire, je perdis toute espèce de goût et d’amour pour la chose ; je me livrai, dans les huit derniers jours, à des distractions de tout genre ; je mis dans mon chapeau les feuilles que j’empruntai à un ancien ami, qui les avait dérobées à l’ecclésiastique, et je lus sans émotion et sans intelligence ce que j’aurais bien su exprimer avec sentiment et conviction.

Mais, dans cette conjoncture importante, je vis ma bonne volonté et mon zèle paralysés plus tristement encore par une sèche et insipide routine, quand je dus m’approcher du confessionnal. Je sentais en moi bien des défauts, mais pourtant pas de grands vices, et ce sentiment même les atténuait, parce qu’il me révélait la force morale qui était en moi, et qui, avec de la résolution et de la persévérance, devait triompher enfin du vieil Adam. On nous avait appris que nous valions beaucoup mieux que les catholiques, précisément parce que nous n’avions pas besoin de faire dans la confession aucun aveu particulier, que même cela ne serait pas convenable quand nous voudrions le faire. Ce dernier point ne me satisfaisait pas du tout, car j’avais les doutes religieux les plus étranges, et j’aurais bien voulu les éclaircir dans cette occasion. Cela ne devant pas être, je me composai une confession qui, en exprimant bien la situation où j’étais, devait avouer d’une manière générale à un homme intelligent ce qu’il m’était défendu de dire en détail. Mais, lorsque j’entrai dans le vieux chœur des cordeliers, que