Aller au contenu

Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VIII.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même façon, et le bruit populaire était que, selon l’usage traditionnel, il devait toujours s’y trouver une vieille femme ; c’est pourquoi les polissons des rues avaient coutume de pousser des cris assourdissants à l’arrivée de la voiture, bien qu’il fût devenu absolument impossible de distinguer les voyageurs qui s’y trouvaient. C’était une chose incroyable et vraiment étourdissante que la presse de la multitude qui, dans ce moment, se ruait par la porte du pont à la suite de la voiture : aussi les maisons voisines étaient-elles particulièrement recherchées des spectateurs.

Une autre solennité, bien plus singulière encore, qui mettait en plein jour le public en mouvement, était l’Audience des musiciens. Cette cérémonie rappelait les temps reculés où d’importantes villes de commerce cherchaient à obtenir l’abolition ou du moins l’allégement des péages, qui augmentaient dans la même proportion que le commerce et l’industrie. L’empereur, qui avait besoin d’elles, accordait cette exemption quand la chose dépendait de lui, mais, d’ordinaire, pour une année seulement, et il fallait qu’elle fût renouvelée tous les ans. La chose avait lieu au moyen de dons symboliques offerts, avant l’ouverture de la foire de Saint-Barthélémy, au maire impérial, qui pouvait fort bien être aussi intendant général des péages, et, pour satisfaire au décorum, on attendait que le maire fût en séance avec les échevins. Plus tard, lorsqu’il cessa d’être nommé par l’empereur, et qu’il fut élu par la ville elle-même, il conserva néanmoins ces privilèges ; et les exemptions des villes, aussi bien que les cérémonies par lesquelles les députés de Worms, de Nuremberg et du vieux Bamberg reconnaissaient cette antique faveur, avaient subsisté jusqu’à nos jours. La veille de la nativité de Marie, un jour d’audience publique était annoncé. Dans la grande-salle des empereurs, et dans un espace entouré de barrières, étaient assis sur des sièges élevés les échevins, et, au milieu d’eux, le maire, un degré plus haut ; les procureurs fondés de pouvoir des parties, en bas, à droite. Le greffier commence à lire à haute voix les sentences importantes réservées pour ce jour ; les procureurs demandent copie, ils interjettent appel ou font tout ce qu’ils trouvent d’ailleurs nécessaire.