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Page:Gojon - Le Jardin des dieux.djvu/126

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Les constellations tournaient sur les agaves
Ou tremblaient à travers les figuiers banians,
Et la Nuit s’étirait sur les jardins suaves
Comme une hydre mouvante aux yeux de diamant.

Je la sentais vivante avec ses tatouages
Monter en remuant au-dessus de la mer
Et sa peau me montrait de si belles images
Qu’un désir inconnu m’arrachait à la chair.

Ô l’incantation de ces nuits flamboyantes
Et tout ce qui montait de la bouche des fleurs
Et le balancement des lianes vivantes
Au silence mêlant des bras ensorceleurs !

Ces éclairs déchirés sur la mer de phosphore
Comme si d’un désir étrange et sans raison
Le ciel que possédait une bleuâtre aurore
S’abandonnait, fiévreux, à quelque ardent frisson.