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Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/137

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ANNÉE 1856




6 mai 1856. — Je reviens. J’ai la tête comme si on y rangeait un musée de toiles et de marbres… Je m’en vais tâter le pouls aux lettres dans les petits journaux. Le pouls est remonté. Où ? Je ne sais ! Plus d’école ni de parti, plus une idée ni un drapeau. Des attaques accomplies comme des corvées, des insultes où il n’y a pas même de colère. Des bons mots de vaudevillistes, des scandales de coulisses infimes. Michel Lévy et Jacottet devenus les Augustes de tous ceux qui salissent du papier pour vivre. Pas un jeune homme, pas une jeune plume, pas une amertume. Plus de public, mais une certaine quantité de gens qui aiment à digérer, en lisant une prose claire ressemblant à un journal, qui aiment à se faire raconter des histoires en chemin de fer par un livre qui en contient beaucoup, et qui lisent non pas un livre, mais pour vingt sous… Véron, un Mécène