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Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/150

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ple de Pompéi n’est nullement probant à cause de la décadence de l’art ; — enfin, lâchant la polychromie, le vieux Delécluze s’étend longuement sur les difficultés que les chrétiens fervents éprouvent à mourir.

— Dans la rue. Tête de femme aux cheveux rebroussés en arrière, dégageant le bossuage d’un petit front étroit, les sourcils remontés vers les tempes, l’arcade sourcilière profonde, l’œil fendu en longueur avec une prunelle coulant dans les coins, le nez d’une courbure finement aquiline, la bouche serrée et tirée par une commissure à chaque bout, le menton maigre et carré : un type physique curieux de l’énergie et de la volonté féminine.

1er juillet. — Revenus de la campagne dans la journée, ce soir nous dînions au Restaurant de la Terrasse, une gargote au treillage mal doré, autour duquel montent desséchées une douzaine de plantes grimpantes, et nous avons, en face de nous, le soleil couchant illuminant de ses derniers feux les affiches-annonces, aux tons criards, qu’on voit au-dessus du passage des Panoramas. Jamais, il me semble, je n’ai eu l’œil et le cœur plus réjouis que par le spectacle de ce laid pâté de plâtre, tout bâtonné de grandes lettres, et tout écrit et tout sali et tout barbouillé de la réclame parisienne. Ici tout est de l’homme et à l’homme ; à peine un maladif arbre dans une crevasse d’asphalte, et ces façades lépreuses me parlent comme ne m’a jamais parlé la na-