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Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/155

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de mon adorée. Rien ! Je m’enfonce dans le parc. J’arrache deux grandes branches. Mais il fallait les lier. Pas possible de casser le cordonnet de ma blague. Enfin je l’use avec le chien de mon pistolet. Je frappe à la fenêtre avec mes deux branches, liées bout à bout. Madame descend au rez-de-chaussée et tente d’ouvrir une fenêtre. Une maison barricadée. Impossible d’ouvrir. Et nous voilà à rejouer la pantomime, elle en haut et moi en bas ! Enfin elle redescend à une autre fenêtre qui cède. Elle ouvre. Et moi en pantalon à pieds, je lui tends d’abord doux gros souliers de chasse avec une livre de boue à chaque… Vous concevez le nez qu’elle a fait, ma bourgeoise. Une nuit d’amour affreuse… Il paraît que j’étais en retard d’une heure. »

— Rose a rencontré aujourd’hui la charbonnière achetant une demi-livre de beurre chez la crémière. On sait que le beurre est le savon des charbonniers. Cette demi-livre, la charbonnière l’achetait pour sa petite fille qui va mourir et qui a demandé « à être débarbouillée pour le paradis ».

Juillet. — J’ai été demander ces jours-ci un renseignement sur Théroigne de Méricourt aux Petits-Ménages.

Six lignes de marronniers, et sous l’ombre sans gaieté de leurs feuilles larges, quatre rangées de bancs de pierre. À droite, des bouts de jardins avec des tonnelles à demi effondrées et de petites allées à cail-