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Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/232

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Dans tout le palais-bonbonnière, dans la salle de spectacle, des traces bourgeoises, ainsi qu’un mouchoir à carreaux bleus d’invalide traînant sur un canapé de Beauvais. Le roi Louis-Philippe a fait partout coller, sur le souvenir de Marie-Antoinette, du papier à vingt-deux sous, et partout fourré de l’acajou et du velours d’Utrecht.

15 novembre. — Je retourne chez Mario Uchard. Il a vu Goudchaux. Le théâtre étant encombré de pièces dans le moment, les Hommes de lettres ne sont pas reçus… Dans la journée, nous songeons à livrer encore une bataille sur le terrain choisi par nous, à faire tout le contraire de ce qui se fait ordinairement, — à tirer un roman de notre pièce.

23 novembre. — Un fier balayage de fortune — ce Paris — et la mort aux jeunes gens… et si vite, et avec si peu d’aventures, si peu de bruit. Ah ! le boulevard en mange diablement de ces caracoleurs, de ces viveurs. Un an, deux ans au plus — et brûlés.

Je rencontre un garçon de ma famille qui a coupé ses dettes à temps, qui s’est rangé, qui a pris racine dans la vie provinciale, qui s’est fait à son cercle de sous-préfecture, aux jours qui se suivent et se ressemblent, à l’hiver à la campagne.

— Et un tel ? lui demandai-je. — Il a un conseil judiciaire… il empruntait à 400 pour 100 à des