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Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/267

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gée de son chapeau de paille brun en forme de tourtière, tenant dans la paume d’une main levée en l’air, une toute petite cage garnie de ouate, sur laquelle trébuche un oisillon aux ailes coupées, suivie à trois pas, par un de ces petits chiens ratiers, auquel Landseer fait agacer un perroquet. Mais vieux, vieux, ce chien ! et le derrière râpé comme une couverture d’hôpital, et sautillant sur trois pattes, la quatrième étant paralysée par un rhumatisme, — un petit chien qui est une chienne appelée Fanny, dite familièrement Fane.

— Un original que j’ai connu, se trouve faire une visite au printemps, dans un château, à une toute jeune femme qui lui dit : « Vous aimez la campagne au printemps, Monsieur ?

— Moi, Madame, pas du tout, au printemps j’adore Paris : les jours sont devenus longs et c’est le meilleur mois pour bien voir les petites filles qui sortent des magasins !

— C’est curieux le mépris de la vieille Grèce pour la Rome du temps d’Auguste, pour la Rome polie, considérée par elle comme barbare, et dont ni Lucien, ni Denys d’Halicarnasse qui parla si bien des choses romaines, n’osent mentionner les poètes et les artistes : mépris d’une douce civilisation pour un peuple de soldats, et dont nous avons la délicate traduction dans ce refus d’une courtisane de coucher avec un fanfaron guerrier, se figurant coucher avec le bourreau.