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Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/75

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ANNÉE 1854




Fin février 1854. — Tout cet hiver, travail enragé pour notre Histoire de la société pendant la Révolution. Le matin, nous emportons, d’un coup, quatre à cinq cents brochures de chez M. Perrot, qui loge près de nous, rue des Martyrs. (Ce M. Perrot, un pauvre, tout pauvre collectionneur qui a fait une collection de brochures introuvables, achetées deux sous sur les quais, en mettant quelquefois sa montre en gage — une montre en argent.) Toute la journée, nous dépouillons le papier révolutionnaire et, la nuit, nous écrivons notre livre. Point de femmes, point de monde, point de plaisirs, point d’amusements. Nous avons donné nos vieux habits noirs et n’en avons point fait refaire, pour être dans l’impossibilité d’aller quelque part. Une tension, un labeur continu de la cervelle et sans relâche. Afin de faire un peu d’exercice, de ne pas tomber malades, nous