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Page:Goncourt - Journal, t2, 1891.djvu/121

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procédé. Nous lui opposons Rembrandt. Il le déclare un maître exceptionnel…

En revenant avec lui, il nous parle de l’ennui que lui cause la peinture, de l’indifférence qu’il apporte à la réussite d’un tableau, en même temps qu’il s’entretient bavardement du goût qu’il a à écrire, du petit battement de cœur à son réveil, de la petite fièvre à laquelle il se reconnaît apte à la composition d’un bouquin, et malheureusement des longs intervalles, et des années qui séparent un livre d’un autre, en sorte que lorsqu’il se remet à la copie, il est incertain s’il sait encore écrire.

— Aubryet me contait, que dans la rue, hier, une petite fille de sept ou huit ans, lui avait proposé sa sœur, une fillette de quatorze ans, en lui offrant de faire, avec son haleine, de la buée sur les carreaux de la voiture où ils monteraient, de manière que les agents de police ne voient rien.

11 mars. — C’est le jour du dîner de Magny. Nous sommes au grand complet. Il y a deux nouveaux : Théophile Gautier et Nefftzer.

La causerie touche à Balzac et s’y arrête. Sainte-Beuve attaque le grand romancier : « Balzac n’est pas vrai… c’est un homme de génie, si vous voulez, mais c’est un monstre !

— Mais nous sommes tous des monstres, riposte Gautier. Alors qui a peint ce temps-ci ? Où se retrouve notre société ? Dans quel livre ?… si Balzac ne l’a pas représentée ?