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Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/126

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“Monsieur, je n’aime pas le zèle intempestif !” »

Berthelot reprend : « Oui, tout est comme cela, Nefftzer ne comprend pas mon exaspération, quand je vais le trouver, il ne voit pas ça dans le détail, comme moi, il ne touche pas, toute la journée, leur stupide entêtement. Et puis, qu’est-ce que ce décret qui rappelle les vieux retraités, quand on a besoin de jeunes, de capacités qui se développent, d’un général qui se révèle ? Il fallait faire de petites sorties, des sorties commandées par des capitaines. Celui qui aurait fait le mieux, aurait été nommé colonel ; et s’il s’était distingué plusieurs fois, général. Comme cela nous reformions nos cadres, nous établissions une pépinière d’officiers… Mais l’on garde l’avancement pour l’armée de Sedan, oui ce n’est pas une plaisanterie, pour l’armée de Sedan ! »

Bah ! lance un sceptique, on aura beau changer les officiers, ce seront toujours les mêmes… et l’on parle du prochain décès de la France, de son épuisement en cerveaux de valeur, de son état convulsif par lequel elle va, soubresautante, à la mort.

Pendant ce, Renan affaissé, les mains canoniquement croisées sur l’estomac, jette de temps en temps dans l’oreille de Saint-Victor, jubilant d’entendre du latin, des versets de la Bible.

Puis, au milieu du rabâchage à nouveau sur les causes de notre ruine, Nefftzer crie :

— « Ce qui a perdu la France, c’est la routine et la rhétorique ! »

— « Oui, c’est le classicisme ! » — soupire Théophile