Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/128

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fants se succèdent, faisant dire aux femmes : « Encore un petit ! » À ce qu’il paraît, le siège est meurtrier à ces innocents, privés de lait.

Jeudi 3 novembre. — On vit dans la permanence du rappel.

Quel est l’inconnu destiné à sortir de ces jours-ci ! Quel est l’imprévu que nous garde l’avenir ! L’appoint courageux apporté par l’Ouest avec sa mobile, avec ses marins, au milieu de la mollesse du reste de la France, ne doit-il pas entrer pour quelque chose dans la formation du gouvernement, ne doit-il pas amener la restauration du principe monarchique et religieux ? D’un autre côté, la prétention de Belleville de vouloir despotiser la France, ne pourrait-elle pas amener une résurrection des anciennes provinces, déjà blessées de la centralisation des derniers règnes, amener un démembrement de la France, dont la pensée existe ce matin dans l’affiche de la Bretagne ?

Vendredi 4 novembre. — La place de l’Hôtel-de-Ville est calme, abandonnée de la multitude de ces jours derniers. Quelques curieux seulement. Tout à coup jambes en l’air, et le monde de courir sur le quai, où je vois passer, dans les acclamations de la foule et un cortège de gamins, le gouverneur de Paris. Une figure jeune, douce, plaisante avec une grande barbiche d’officier d’Afrique : le général distingué,