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Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/247

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face, que semblent réjouir nos désastres : « Vous avez Assi ! »

Il y a de l’hébétement sur les physionomies parisiennes, et de petites foules, le nez en l’air, regardent idiotement Montmartre et ses canons, par les percées des rues Lepeletier et Laffitte.

Victor Hugo que je rencontre, tenant son petit-fils à la main, est en train de dire à un ami : « Je crois qu’il sera prudent de songer à un petit ravitaillement. »

Enfin, au boulevard Montmartre, je trouve affichés les noms du nouveau gouvernement, des noms si inconnus, que cela ressemble à une mystification. Après le nom d’Assi, le nom le moins inconnu est celui de Lullier.

Cette affiche est pour moi la mort à jamais de la République. L’expérience de 1870, faite avec le dessus du panier, a été déplorable. Cette dernière, faite avec l’extrême dessous, sera la fin de cette forme de gouvernement. Bien décidément la République est une belle chimère de cervelles grandement pensantes, généreuses, désintéressées ; elle n’est pas praticable avec les mauvaises et les petites passions de la populace française. Chez elle : Liberté, Égalité, Fraternité, ne veulent dire qu’asservissement ou mort des classes supérieures.

Je tombe sur Berthelot, que les événements de ce temps ont affaissé, ont rendu comme bossu. Il m’entraîne au Temps, où, dans l’absence de la rédaction, nous nous désespérons sur cette France à l’agonie.