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Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/265

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imaginer. En veut-on un exemple ? Ce matin, un innocent communard disait dans la villa : « À Versailles, ils fusillent tous les gardes nationaux, mais aujourd’hui, on change notre costume, on va nous donner l’uniforme de la troupe, et alors si les Versaillais continuaient, les puissances étrangères interviendraient ! »

Une bonne affiche est celle qui met au compte de la société actuelle : la prostitution des femmes et l’inscription à la police des hommes. S’il y a des p… et même des mouchards, c’est la faute à la bourgeoisie !

Vendredi 7 avril. — La sixième journée, qu’on se canonne, qu’on se fusille, qu’on se tue.

À l’Arc de l’Étoile, toujours de la foule, des voitures d’ambulance, des estafettes galopantes, des bataillons de gardes nationaux se succédant au feu. La canonnade est incessante, et couvre d’obus Neuilly.

Dans un coin, des groupes de femmes immobiles et idiotisées, disant qu’elles attendent, là, leurs maris, qu’on a forcé de marcher. En tout ce bas monde, un sentiment irraisonné rend Versailles responsable de tout le mal qu’a fait le Comité, — un sentiment très difficile à détruire, et qui fait regarder les Versaillais comme des Prussiens.

On entoure des gardes nationaux isolés, qui rentrent. Un franc-tireur, à la figure énergique et noire