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Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/286

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d’une garde nationale harassée, ou le départ des compagnies, portant leurs victuailles dans des mouchoirs, attachés à leurs baïonnettes. Des compagnies composées de vieillards en cheveux blancs, et de garçonnets qui semblent des enfants. J’en vois un, porteur d’un long fusil, dont la mine gamine fait retourner les passants, dans un mouvement de pitié.

Devant l’Hôtel de Ville, le cuivre luisant neuf d’une trentaine de canons.

Toujours des mensonges et des nouvelles de victoires signées de tous ces noms étrangers, qui me sont suspects comme des généraux de la Prusse, donnés à la France, pour s’entre-déchirer et s’achever.

Hommes s’approchant mystérieusement de vous, avec quelque chose de caché contre la poitrine, sous le croisement du paletot, et vous offrant le Bien public, qui se vend depuis deux jours sous le manteau.

On me raconte, ce soir, l’originale campagne d’un sexagénaire, engagé pendant le siège, dans une compagnie de francs-tireurs. Il ne s’agissait pas du tout, pour lui, de sauver la France, mon savant voulait seulement étudier les cryptogames qui se développent sur les cadavres. Et cette campagne lui a fourni les observations les plus curieuses sur les cryptogames français et prussiens.

Vendredi 21 avril. — Groupe d’ouvriers qui causent en tête des Champs-Élysées.