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Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/359

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sa portée. L’un disait : Est-ce bien six ou sept que nous ayons ? Un autre, s’embarrassant dans les morts et les vivants, ne pouvait se rappeler s’il en avait eu quinze ou dix-huit.

6 août. — C’est particulier comme dans les actes de la vie, que je rêve la nuit, notre fraternité ne s’est pas dissoute ! Il est toujours là, prenant la moitié dans les faits de mon existence imaginative, comme s’il vivait toujours.

Je remarque à propos de l’absinthe bue hier soir, — j’avais déjà fait la même observation à l’occasion du Porto, — je remarque quelle réalité aiguë ces liqueurs opiacées mettent aux créations fantaisistes du sommeil, et comme les bizarreries qu’elles enfantent, se passent au milieu d’impressions, d’émotions d’une vie presque plus vivante, d’une vie presque plus sensibilisée, que celles de la vie éveillée.

Jeudi 10 août. — Retour de Bar-sur-Seine à Paris.

Mardi 15 août. — Dîner chez Brébant.

Quelqu’un parle des nationalités, déplore cette invention qui sort la guerre de son caractère courtois, de son caractère de duel entre les souverains. À l’instar des guerres d’animaux, cette invention doit amener la mangerie d’une race par l’autre, et cela con-