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Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/41

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Davout, en Allemagne s’ajoutant à la haine léguée par la guerre du Palatinat, et dont la colère expression survivait dans la bouche de la vieille femme, me montrant, il y a quelques années, le château d’Heidelberg.

Et voici que l’un de nous dit qu’hier, pas plus tard qu’hier, un administrateur de chemin de fer lui contait ceci. Il se trouvait, il y a quelques années, à Carlsruhe, chez le ministre plénipotentiaire, et l’entendait dire à un de ses amis, très galantin, très friand de femmes : « Ici, mon cher, vous ne ferez rien, les femmes sont cependant très faciles, mais elles n’aiment pas les Français ! »

Quelqu’un jette dans la conversation : « Les armes de précision, c’est contraire au tempérament français ; — tirer vite, se jeter à la baïonnette, voilà ce qu’il faut à notre soldat ; si cela ne lui est pas possible, il est paralysé. — La mécanisation de l’individu n’est pas son fait. C’est la supériorité du Prussien dans ce moment. »

Renan, relevant la tête de son assiette : « Dans toutes les choses que j’ai étudiées, j’ai toujours été frappé de la supériorité de l’intelligence et du travail allemand. Il n’est pas étonnant que, dans l’art de la guerre, qui est après tout un art inférieur, mais compliqué, ils aient atteint à cette supériorité, que je constate dans toutes les choses, je vous le répète, que j’ai étudiées, que je sais… Oui, messieurs, les Allemands sont une race supérieure ! »

— Oh ! oh ! crie-t-on de toutes parts.