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Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/104

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Il nous entretient d’un chien bien-aimé, semblant prendre part à l’état de son âme, le surprenant par un gros soupir, dans ses moments de mélancolie, — un chien qui, un soir, au bord d’un étang, où Tourguéneff fut pris d’une terreur mystérieuse, se jeta dans ses jambes, comme s’il partageait son effroi.

Puis, je ne sais, à propos de quel crochet dans la conversation et les idées, Tourguéneff nous raconte qu’étant un jour en visite chez une dame, au moment où il se levait pour sortir, cette dame lui cria presque : « Restez, je vous en prie, mon mari sera ici dans un quart d’heure, ne me laissez pas seule ! »

Comme le ton était singulier, il la pressa tant, qu’elle lui dit : « Je ne puis pas rester seule… Aussitôt qu’il n’y a plus personne auprès de moi, je me sens enlevée et transportée au milieu de l’immense… et je suis là, comme une petite poupée, devant un juge dont je ne vois pas la figure ! »

Samedi 24 mai. — Le jour où nos destinées se jouent dans Versailles, j’y suis, mais j’y suis pour acheter des azalées et des rhododendrons.

Mardi 27 mai. — J’ai eu un succès au dîner de Brébant, avec ce mot : « La France finira par des pronunciamento d’académiciens. »