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Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/132

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Il nous le montre encore, dépensant deux cents francs de frais de poste, pour aller faire dans quelque coin du département, une opération à une poissonnière, qui le payait avec une douzaine de harengs.

Jeudi 29 janvier. — Il est vraiment heureux, cet Alexandre Dumas, et prodigieuse est la sympathie de tout le monde pour lui. J’ai entendu hier dans un coin du salon, Tardieu et Demarquay se lamenter, une partie de la soirée, sur la possibilité d’un échec de l’écrivain à l’Académie, comme s’il s’agissait d’une maladie de leurs enfants, et Demarquay s’est levé, en disant : « Je devais faire une opération en province demain, mais je n’y vais pas, je veux savoir un des premiers… Alexandre m’a promis de m’envoyer un télégramme, aussitôt la nomination connue ! »

Mercredi 4 février. — Un trait de Balzac, que ne connaîtront peut-être pas ses biographes futurs.

Le vieux Giraud racontait, ce soir, qu’il était voisin du directeur de l’hospice Beaujon, et que celui-ci voisinait avec lui, tous les jours. Une fois, le directeur lui dit : « J’ai une mourante très distinguée, qui se dit la sœur de Balzac. Comme cela me répugne de la mettre entre quatre planches, j’ai été voir Balzac, et lui ai demandé 16 francs pour un cercueil.