Aller au contenu

Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

tombée de la nuit, à cette heure qui l’attriste, elle fait sa petite sieste mélancolique. Là, est la corbeille des chiens, dormant leur sommeil recroquevillé ! Là, est le petit divan vert rayé de blanc, se tiennent les colloques intimes de la politique, les entretiens d’affaires, les duos de la sollicitation et de la protection, petit canapé qu’elle affectionne, et d’où ses pieds frileux vont chercher, tout à côté, le souffle tiède d’une bouche de calorifère, qui ventile le poil remuant des petits chiens dans leur corbeille.

Dans le grand panneau qui fait face au salon, il y a d’abord dressé contre le mur un immense meuble de marqueterie hollandaise, aux tiroirs en tombeaux, portant sur sa corniche des vases argentés, dans lesquels sont ouverts des parasols japonais.

Puis, c’est un bureau Louis XV, sur lequel la princesse écrit un billet pressé, inscrit un renseignement, une adresse, le nom d’une plante en latin. Sur ce bureau se voient un buvard en maroquin blanc, dont se détache le relief d’un M en bronze doré ; un encrier formé par une boule en cuivre, porté par un aigle argenté ; un coupe-papier en bois de santal, aux incrustations de nacre ; de grands ciseaux dans une gaine de maroquin blanc ; un petit agenda disant la date du mois ; un petit chronomètre disant l’heure du jour. La galerie du bureau porte, entre deux bouquets de violettes artificielles, un minuscule bronze du grand Empereur en César romain.

Devant la porte qui mène au lac d’Enghien, un vrai capharnaüm. Au milieu se dresse dans un vase,