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Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/181

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Au-dessus de sa tête, est un cartel Louis XVI, à la sonnerie grave. Derrière elle un second petit divan vert, rayé de blanc, remplit la niche de la fenêtre du salon, qui est comme une petite chapelle des dessins d’Hébert.

Sur le rebord, il y a, enveloppé dans un mouchoir de soie à pois blancs, une copie à l’aquarelle d’un Tiepolo de sa galerie, et sur le Tiepolo, plié et noué par la princesse, avec l’art d’une demoiselle de magasin de chez Boissier, est un petit tablier de soie noire, qu’elle met les jours où elle fait du lavis.

Tout le mur en retour jusqu’au plafond et jusqu’à la porte d’entrée de l’atelier, est garni d’étagères algériennes, d’œufs d’autruches aux pendeloques de perles, de lanternes vénitiennes, de gargoulettes orientales, d’instruments de musique sauvages, encastrés dans les immenses rinceaux que dessinent les palmes de la Semaine Sainte, envoyées par le pape à l’Altesse Impériale, et d’où s’élance de son bâton d’empaillement, un lophophore, cet oiseau de velours noir au collier d’émaux translucides.

Et dans le fouillis des choses, la presse des objets, la confusion des formes et des couleurs, l’on entrevoit encore des photographies de l’Empereur Napoléon III, dans toutes les phases de sa bonne ou de sa mauvaise fortune ; on entrevoit les éclairs de rubis et d’émeraude de toute une collection d’oiseaux-mouches dans l’ombre d’une armoire ; on entrevoit des aquarelles drolatiques de Giraud représentant des scènes de l’intérieur de la princesse ; on entrevoit d’élégia-