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Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/184

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les une dans un coffret. Des années, des années se passèrent, au bout desquelles l’empereur fit ouvrir le coffret. On y trouva le cadavre d’un ver. Cela ferait une assez belle image, dans un bouquin supérieur.

Mais à propos de ver, j’ai trouvé, hier, mon ami Burty désolé. Il avait découvert, dans ses albums japonais, un ver de l’Extrême-Orient, un ver tout enveloppé de poils blancs, comme de la soie, un ver charmant, un petit animal d’art enfin, et comme il était vivant, il l’avait mis avec le plus grand soin dans une boîte, et comptait le présenter à la Société d’acclimatation. Mais, oh malheur ! cette bête de Julie, en faisant le salon, n’a-t-elle pas jeté la bestiole dans la cheminée.

Samedi 24 novembre. — Ce matin, je vais au Bon Marché.

J’avais appris par Bracquemond que le Bon Marché avait reçu, dans un envoi de tapis d’Orient modernes, quelques vieux tapis de Perse. On me les montre et devant ce ras velouté, devant ces surfaces givreuses et miroitantes, devant ces laines qui ont le micacé de crins coupés, devant cette fonte de couleurs, entrant les unes dans les autres, ainsi que les tons d’une aquarelle trempant dans l’eau, devant ces jaunes qui ont le pâlissement de l’or vert, ces roses qui semblent le rose de la fraise écrasée dans