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Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/23

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avec un geste et un accent de conviction et de sincérité frappante, je n’en ai nulle honte, car depuis que le monde existe, les Mémoires un peu intéressants n’ont été faits que par des indiscrets, et tout mon crime est d’être encore vivant, au bout des vingt ans où ils ont été écrits, et où ils devaient être publiés — ce dont, humainement parlant, je ne puis avoir le remords.

— Avant de partir, j’avais demandé à M. de Goncourt, s’il savait ce qui avait pu exciter M. Renan, en dehors des raisons apparentes à sortir, aussi complètement et si brusquement, de son ordinaire scepticisme. M. de Goncourt sourit sans répondre.

— J’insinuai alors que M. Renan avait des ambitions politiques, que le siège de Sainte-Beuve devait hanter ses rêves, et que ses paradoxes d’autrefois pouvaient le gêner dans sa nouvelle carrière. »

Oui, mon sourire avait dit ce que M. Jules Huret insinuait.

Et ma foi, la main sur la conscience, j’ai la conviction, que si le penseur philosophe n’était