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Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/235

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Ce commerce n’est plus, chez le vendeur, un état d’infériorité vis-à-vis de l’acheteur, qui semble au contraire l’obligé du vendeur. Il y avait là les Camundo, Cernuschi, Cernuschi à la flamme à la fois spirituelle et finaude de l’œil.

La conversation a été nécessairement sur la Chine et le Japon, et ça été un tableau désolant fait par Cernuschi du Céleste Empire. Il a longuement parlé de la putréfaction des villes, de l’aspect cimetièreux des campagnes, de la tristesse morne et de l’ennui désolé, qui se dégagent de tout le pays. La Chine, selon lui, pue la m… et la mort.

Jeudi 1er juillet. — J’ai déjeuné ce matin chez Cernuschi. Le riche collectionneur a donné à sa collection le milieu à la fois imposant et froid d’un Louvre. Je regrette qu’il ne lui ait pas donné le milieu hospitalier et plaisant d’une habitation de là-bas, d’un petit coin de patrie retrouvée. Sur des murailles blanches, sur le ton de brique Pompéi, en honneur dans nos musées, ces objets de l’Extrême-Orient semblent malheureux.

Aussitôt après le déjeuner, a commencé la visite des deux mille bronzes, des faïences, des porcelaines, de toute cette innombrable réunion des imaginations de la forme. Dans les bronzes, des merveilles, des merveilles qui semblent l’idéal de ce que le goût et l’art savant de la fabrication peuvent produire. Il