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Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/266

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Collard, avec une intonation nasillarde et méprisamment moqueuse : “Messieurs, Cousin et Patin sont des messieurs qui savent du latin !” L’on rit, et l’étymologie fut acceptée.

« Un autre jour, un autre mot vint… malheureusement je ne me le rappelle plus… non je ne me le rappelle plus. Cousin de déclarer que le mot n’était pas français. Là-dessus un silence, au milieu duquel je dis :

« M. Pingard, voulez-vous descendre à la bibliothèque et m’apporter le troisième volume de Regnard. Et le volume apporté, je lus le mot, dans une phrase du Voyage en Laponie. Il ne faut pas me montrer plus fort que je ne le suis. Quelques jours avant, un hasard m’avait fait faire une recherche dans le volume, pour quelque chose que je faisais. Cousin aussitôt de s’écrier : “Est-ce vraiment une raison d’accepter un mot, parce qu’il est dans le coin d’un bon auteur ?” De la grande cravate on entendit encore sortir : “Dans les bons auteurs il n’y a pas de coin, pas de coin !”

« Non, j’aimais Royer-Collard… les deux hommes que je n’aimais pas, c’était Cousin et Guizot. »

Dans la salle à manger, au plafond bas, il y a au-dessus de nous, une flambée de gaz à vous cuire la cervelle, Mme Charles Hugo me dit que très souvent cette chaleur produit chez son fils des troubles de la tête, qui lui font désirer d’être toujours à côté de lui. Et sous cette lumière de migraine, Hugo continue à boire du champagne et à parler comme si